La flute nasale, appelée vivo à Tahiti, est un instrument très ancien que l’on retrouve dans une grande partie du triangle polynésien. Appelé « kuihu » chez les Hawaïens, il devient « pu ihu » aux Marquises. A l’époque pré européenne il pouvait être taillé dans de l’os humain ou animal, dans le bois ou dans le bambou. Pour le confectionner, on a troqué aujourd’hui le coquillage tranchant et le bout incandescent du aito contre la scie et la perceuse électrique. Mais l’instrument n’a guère changé d’aspect, il semble qu’il ne comprenait que deux ou trois trous alors que l’on trouve, de nos jours, des flûtes nasales à sept voire huit trous. La longueur et la qualité du bambou a une incidence sur la tonalité, ainsi plus l’instrument est court plus le son est aigu.
L’instrument accompagnait les chants et les danses à l’instar des tambours (pahu) ou des conques marines (pu). Longtemps oublié au profit des instruments à cordes et des percussions, le vivo est redevenu un instrument de premier ordre dans la musique néo-traditionnelle notamment grâce au travail passionné de Libor Prokop. Ce musicien s’est pleinement approprié l’instrument au point d’en confectionner lui-même ; méticuleusement réglés selon leur tonalité. Quand on l’interroge sur la symbolique du souffle nasale, ce dernier nous renvoie aux échanges de souffles pratiqués par les Maoris ou par les Marquisiens. Le son du vivo serait l’expression de cette énergie que l’on partagerait avec l’assistance.
Sa sonorité légère et mélancolique valorise l’interprétation théâtrale des orateurs. L’instrument a fait son entrée lors des prestations des groupes de danse du Heiva et il offre une solennité mystique aux reconstitutions de cérémonie sur les marae.
Dernière modification le 14/06/2016